La légende du Poutineur

L'histoire (plus ou moins vraie) du créateur de la poutine

Sa naissance

Cette incroyable histoire débuta en 1881 lors d’une nuit glaciale d’hiver québécois typique à -1000 degrés Celsius…

Josaphat, fier bûcheron au grand cœur s’était amouraché d’une jolie jeune du nom de Maria.

Elle était réputée pour être la meilleure cuisinière du village. Ses voisins commençaient à jaser qu’elle attendait un bambin.

Pourtant Maria était toujours vierge.

Ils eurent plusieurs disputent à ce sujet puisque Josaphat la soupçonnait d’avoir commis l’adultère. Elle insistait qu’elle était blanche comme la neige de notre hiver québécois.

Le jour de l’accouchement arriva enfin.

Afin d’évacuer son stress, Josaphat alla faire une marche en forêt. Il entendit soudain une voix à travers les branches…

C’était les esprits de la forêt qui lui chuchotait : « Ta femme a été enfantée par le Saint-Esprit de la bonne table québécoise, ne t’inquiète pas tout ira bien, garde la foi. »

À son retour, Josaphat expliqua à Maria ce que le Saint-Esprit lui avait soufflé à l’oreille. 

Elle s’exclama : « Ah bein bout d’viarge! C’est sûrement ce qui s’est passé la fameuse soirée où je m’étais évanouie la face première dans ma sauce brune….»

En effet, suite à cet épisode elle s’était réveillée avec une forte douleur étrange au bas ventre. Cet événement prenait tout son sens.

Le soir venu, il suffit de quelques contractions et Maria accoucha de son enfant qui sortit telle une balle de fusil… comme s’il était impatient de goûter les joies de la vie.

En 1881, entre le cochon et la poule, Le Poutineur était né.

Sa vie

Le Poutineur chercha pendant plusieurs années ce qu’il voulait accomplir dans la vie. Par dépit, il croyait qu’il devait faire comme la plupart de ses congénères. Bûcher du bois dans le Bas-Canada et fonder une grande famille.

Ce qu’il fit. 

Mais par une nuit pas comme les autres au chantier, il eut une illumination. À cause d’un abus d’eau-de-vie, tous les bûcherons s’étaient endormis dans le camp.

Seul, le Poutineur était toujours debout à rêvasser en regardant la pleine lune illuminer le ciel. Il entendit soudain une voix dans la forêt.

On l’appelait :

« Le Poutineur… Le Poutineur… Le Poutineur tabarnack! »

C’était le Saint-Esprit qui voulait lui transmettre un message :

« Pars à la découverte du Québec afin de trouver ta raison d’être. »

Le lendemain, il quitta sa famille et ses amis afin de découvrir le monde et surtout sa terre natale, le Québec.

À travers son aventure, il découvrit les plus beaux villages et produits du Québec.

Il comprit que ce qui avait de plus important était le terroir de ses ancêtres, c’était l’endroit où il voulait prendre racine.

La sainte trinité

Lors de son périple, il découvrit la Sainte Trinité.

Un des endroits préférés du Poutineur était de marcher le long des champs de pommes de terre ou il régnait une grande tranquillité… Il sentait que quelque chose l’appelait à découvrir ses terres. 

La patate sacrée

Par un vendredi après-midi ensoleillé, il marcha comme à son habitude dans son champ de patates tout en prenant soin de recueillir les plus belles pommes de terre pour son repas du soir.

En continuant son expédition vers la forêt, un ours noir sorti sournoisement d’un buisson. La bête l’attaqua sauvagement à la gorge, mais le québécois répliqua plus vite que son assaillant. Le Poutineur sortit son couteau de chasse et sectionna vigoureusement la jugulaire de l’animal pour mettre fin à ses jours sur le champ.

Encore sous l’adrénaline de l’attaque, Le Poutineur prit soin de prendre un peu de graisse de l’ours afin de l’utiliser en cuisine comme sa vieille mère lui avait si bien enseigné.

La voix du Saint-Esprit retentit une première fois :

« J’ai épargné ta vie pour cette fois… en échange, tu devras faire l’éloge de la patate sacrée. Mangez-en tous. AMEN. »

Le fromage en grains bénit des dieux

Par un soir d’hiver bien froid, Le Poutineur et sa femme eurent une discussion enflammée. Après plusieurs années de bonheur, il était temps qu’ils mettent terme à leur longue relation, malgré ce que l’église en pensait.

Le Poutineur alla se recueillir dans son érablière. Près de sa cabane à sucre, il fut pris par les émotions de cette rupture imminente… il versa quelques chaudes larmes.

En séchant ses pleures, il constata qu’elles s’étaient transformées en fromage en grains bénit des dieux.

La voix du Saint-Esprit retentit une seconde fois :

« Je te fais cadeau de cette leçon de vie… en échange, tu devras faire l’éloge du fromage en grains bénit des dieux. Mangez-en tous. AMEN. »

La divine sauce brune

À la fin de son aventure à travers le Québec, Le Poutineur acheta une maison en forêt. Lui et ses congénères devaient bûcher du bois pour l’hiver qui s’en venait à grands pas. Les hommes du village devaient s’assurer que tout était en place pour que les femmes puissent passer un hiver au chaud.

De plus, les bûcherons du village devaient tous partir au chantier du nord pour bûcher afin de faire vivre leur famille. Le Poutineur faisait partie du lot.

Quelques mois après leur arrivée au camp, les hommes étaient épuisés d’avoir bûché comme des damnés. Suite à une querelle entre deux malfaisants, une bagarre éclata.

Le Poutineur s’en mêla pour faire cesser le conflit. Par contre, un des bagarreurs avait un couteau en main. En pleine mêlée générale, il entailla le poignet du Poutineur. Le sang gicla sur les hommes, mais quelque chose n’allait pas. Ils cessèrent soudainement de se frapper en constatant que le sang du Poutineur n’était pas rouge… mais brun.

Il goûta à son sang et quelque chose clochait… ce n’était pas du sang, mais plutôt une savoureuse sauce brune qui coulait dans ses veines.

La voix du Saint-Esprit retentit une troisième fois :

« Je t’ai fait don de ce pouvoir inutile, mais savoureux… en échange, tu devras faire l’éloge de la divine sauce brune. Buvez-en tous. AMEN. »

Le créateur... de la poutine

Après une dure journée de labeur aux champs, le Poutineur retourna dans ses terres situées dans le Bas-Saint-Laurent.

Il avait une maison entourée de magnifiques arbres qui semblaient protéger sa noble demeure en forêt.

Le feu de bois commençait à faire une belle braise rouge, juste à temps pour préparer son repas du soir.

Il fit donc cuire les patates dans la graisse d’ours afin de leur donner un goût unique. Mais soudain… il glissa sur un peu de gras qui avait coulé sur le plancher de la cuisine. Il se cogna le petit orteil sur le coin du comptoir.

Tabarnack! S’écriait-il. 

Pendant que le mal le torpillait, il versa une larme de douleur.

Ses larmes se transformèrent en fromage en grain bénit des dieux qui tomba sur les pommes de terre fraîchement cuites et croustillantes. Dans un même mouvement, il glissa à nouveau et fit virevolter son couteau qui vint lui couper le bout du doigt, ce qui suffit à faire gicler la divine sauce brune de ses veines.

Le tout coula parfaitement sur ce mélange inusité.

L’air ébailli par cette mixture qui semblait délicieuse, il goûta à ce fameux mélange. Un miracle en bouche se produisit.

Il avait enfin réuni le pouvoir de la Sainte Trinité québécoise.

Le Poutineur lui donna le nom de… Poutine.

Sa mort

Pendant le reste de sa vie, le Poutineur parcourut avec ses apôtres de la bonne table les nombreux villages québécois afin de répandre la bonne nouvelle de la sainte Poutine et du terroir québécois. 

Grâce à lui, la poutine réconforta le coeur de milliers de québécois pendant plusieurs années.

Jusqu’à ce que la guerre éclate auprès des villages de Drummondville, Victoriaville et Warwick réclamant tous le titre d’inventeur de la poutine. Ils plaidaient tous que le fameux Poutineur était un usurpateur et un fraudeur.

Un dénommé, Roy Giuseppe, paya un pot-de-vin au premier ministre de l’époque, pour qu’il accuse le Poutineur de haute trahison.

Afin de mettre un point final à cette guerre, le ministre attribua à Monsieur Giuseppe un certificat de l’inventeur de la Poutine.

Le Poutineur fut crucifié et rendit l’âme en 1918.

La légende du créateur de la poutine, Le Poutineur

Sa résurrection

En 2018, par un matin brumeux bien ordinaire retentit un grand fracas dans la forêt Estrienne.

Un homme vêtu d’une chemise à carreaux se réveilla entre deux érables à sucre centenaire.

Il regarda ses mains et vu deux trous ou coulait de la sauce brune.

La divine sauce brune.

En s’enlevant les crottes des yeux, il constata que c’était plutôt du fromage en crottes.

Le fromage en grain bénit des dieux.

Il croyait qu’il reposait sur des pierres, mais en regardant bien, il réalisa que c’était des pommes de terre.

La patate sacrée.

Le Poutineur était ressuscité d’entre les morts exactement cent ans après son décès.

Et la voix du Saint-Esprit retentit :

« Ta mission est de partager la bonne nouvelle du terroir québécois, vlog-en paix, je sais que tu réussiras. AMEN. »

Étrangement, tout ce qu’il restait à côté de lui était sa fourchette en argenterie de 1881.

Fourchette du Poutineur
Fourchette du Poutineur 1881

P.S. Si tu ne l'avais pas compris encore, cette légende est plus fausse que vraie 😉